vendredi 9 février 2007

«Le mariage, c’est l’union d’un homme et d’une femme»

Voici, ci-dessous, le texte intégrale de la déclaration commune de responsables religieux de la région lyonnaise dont je parlais dans l'un des posts précédents du 7 février :

Lyon, mercredi 7 février 2007

Source : Diocèse de Lyon

***

«La question se pose aujourd’hui de savoir si la loi peut autoriser le mariage de deux personnes du même sexe. Il ne s’agit pas là d’un simple débat de société, mais d’un choix majeur, sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas un cadeau à faire aux générations futures.

Il y a déjà assez de souffrances occasionnées par la fragilité des liens familiaux, sans parler des maladies qui touchent nos proches et des deuils. Cette fragilisation est pour beaucoup dans la difficulté que rencontrent les adultes pour aider les jeunes à construire leur vie. Comment ceux-ci seront-ils capables d’acquérir une formation solide, d’affronter leur avenir avec confiance, d’honorer les obligations d’une profession et de construire dans l’équilibre leur propre famille, si l’on relativise l’institution du mariage ? Il est capital de ne pas brouiller ce repère fondateur de l’humanité.

Une institution aussi essentielle ne peut pas être soumise aux fluctuations des courants de pensée. Elle se situe bien au delà des différences religieuses ou des clivages idéologiques. À l’heure où tant d’enseignants constatent la difficulté croissante des jeunes issus de familles éclatées à suivre correctement leur scolarité, peut-on vraiment songer à un tel bouleversement dont les conséquences pourraient être dévastatrices ? L’expérience montre ce qu’il nous en coûte aujourd’hui d’avoir laissé saccager la nature. N’allons pas maintenant déstructurer l’humanité, qui est le cœur de toute la création !

Il y a mensonge à prétendre qu’il est indifférent pour un enfant de grandir ou non avec un père et une mère. Les récits fondateurs de l’humanité sont bâtis sur la différence et la complémentarité de l’homme et de la femme. Les croyants en voient l’attestation dans les récits de la création que leur transmet la Parole de Dieu : « Au commencement, Dieu créa l’homme et la femme ». Ils sont appelés à s’unir dans le mariage pour donner la vie et la faire grandir. Tel est le socle originel sur lequel sont fondées nos vies personnelles, nos familles et nos sociétés. N’oublions pas qu’il est fragile !

Lyon, le 6 février 2007

Cardinal Philippe BARBARIN, Archevêque de Lyon

M. Azzedine GACI, Président du Conseil régional du culte musulman Rhône-Alpes

P. Athanase ISKOS, Prêtre de l’Église orthodoxe grecque

M. Kamel KABTANE, Recteur de la Mosquée de Lyon

Révérend Chris MARTIN, Ministre de l’Église anglicane

Pasteur Jean-Frédéric PATRZYNSKI, de l’Église luthérienne

M. Richard WERTENSCHLAG, Grand Rabbin de Lyon et de la région Rhône-Alpes

Pasteur John WILSON, de l’Église évangélique baptiste

Mgr Norvan ZAKARIAN, Évêque de l’Église arménienne apostolique

mercredi 7 février 2007

«Être élevé par des homos ne perturbe pas le développement des enfants»

En écho au post précédent, et pour introduire un peu de rationalité, là où les religions ne savent que tenir le discours de la peur et de l'irrationnel, je me permets de reproduire ici un interview réalisé sur tetu.com quelques jour avant le colloque de l'APGL sur le sujet le 3 février dernier (voir le post à ce sujet), et le compte-rendu fait par Libération.
Je remercie Psykokwak de me les avoir signalés dans l' un des ses commentaires.

"Comment se présentera le débat organisé le 3 février prochain à Paris ? Franck Tanguy: Avec des scientifiques des sciences humaines et sociales de renom (notamment l'anthropologue Maurice Godolier et le psychanalyste Serge Hefez), on fera le point sur l'homoparentalité en France. Juste avant l'élection présidentielle, c'est un moyen d'amener le débat politique sur ce sujet. L'APGL, qui existe depuis 21 ans, est la plus légitime pour créer ce débat-là. Pour les avoir rencontrés à de multiples reprises depuis les débats sur le Pacs, on a constaté que les partis, Les Verts et le Parti communiste en tête, étaient de plus en plus réceptifs à ce sujet. Le Parti socialiste, au départ assez réticent, est désormais ouvert à reconnaître nos familles, sans toutefois reconnaître l'insémination artificielle avec donneur pour les lesbiennes. Quant à la droite, on sent qu'elle est en train de faire le même boulot.
Les candidats à l'élection présidentielle seront-ils tous présents ? Franck Tanguy : Nous aurions préféré que l'UMP nous envoie quelqu'un d'autre, pour ce débat, que Stéphane Dassé, président du mouvement GayLib. Bien qu'il soit compétent, il n'est pas représentatif de son parti. En revanche, la candidate Marie-George Buffet sera présente pour le PC. On souhaite un mot d'engagement de la part de Dominique Voynet (Verts) et de Ségolène Royal (PS), Noël Mamère et Patrick Bloche seront là pour représenter leurs partis respectifs. Le député Jean-Christophe Lagarde, pour l'UDF, complètera le panel d'invités.
Parallèlement, vous publiez la version 2007 du Guide bibliographique de l'homoparentalité. Pourquoi? Martine Gross : L'idée est de créer un outil pour favoriser le travail des chercheurs, et prouver qu'il existe bel et bien des textes documentant l'homoparentalité dans le monde: on en dénombre près de 1000 en 35 ans. Il y en a 319 rien qu'en France, dont sept thèses de doctorat et 11 mémoires de DEA, et d'autres sont en cours. Il s'agit de contrer les hommes politiques qui affirment que ces études sont inexistantes. On nous affirme souvent que le développement et l'équilibre psychologique des enfants élevés par des homos seraient menacés, or on a retrouvé moins d'une vingtaine de textes négatifs sur le développement psychique de l'enfant, dont la majorité sont le fruit de recherches financées par le milieu religieux américain. En réalité, de toutes les études existantes, il ressort que le fait d'être élevé par des homos n'entraîne pas de différence notable pour les enfants. Ils ne vont pas plus mal que dans des familles traditionnelles.
Y a-t-il déjà eu une impulsion politique pour lancer ces études scientifiques? Martine Gross : Non, et il serait effectivement très bien qu'un groupe parlementaire commande une étude au CNRS sur le sujet. Cela permettrait d'attribuer plus de moyens aux chercheurs, car, comme dans la recherche en général, le manque d'argent est criant. De cette façon, on ne pourrait pas, comme l'a fait Valérie Pécresse [rapporteure de la mission parlementaire sur la famille] dans une interview, insinuer que les études sont financées par les associations homosexuelles. C'est absolument faux."
Source : Paul Parant / Copyright tetu.com

"Des scientifiques pour convaincre les politiques d'aller plus loin sur la question de l'homoparentalité. C'est le pari qu'avait fait l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) en organisant samedi à Paris un débat entre candidats à la présidentielle et scientifiques. Pari en partie gagné. Si la communiste Marie-George Buffet est la seule à s'être physiquement déplacée, les cinq partis de gouvernement étaient représentés. Patrick Bloche (PS) a parlé au nom de Ségolène Royal, Noël Mamère (Verts) en celui de Dominique Voynet, Laurent Wauquiez (UMP) pour Nicolas Sarkozy, et Jean-Christophe Lagarde (UDF) pour François Bayrou. Mais, avant de s'exprimer sur ce sujet qui concerne déjà 200 000 enfants en France, ils ont dû écouter.
Un millier de références. Les arguments de l'APGL, d'abord. L'association vient de recenser, dans un guide, toutes les enquêtes, études universitaires, thèses, etc. publiées sur l'homoparentalité dans le monde. Soit un millier de références, dont plus de 300 françaises. «La plupart ne montrent aucune différence de développement entre les enfants de couples homo et ceux de parents hétérosexuels, les rares études négatives ont été inspirées par les milieux religieux, relève Martine Gross, présidente honoraire de l'APGL. Les politiques nous ont souvent opposé le manque de recul, cet argument ne peut plus tenir la route. Il est temps de légiférer pour apporter à ces enfants la même protection juridique qu'aux autres.»
Histoire de prolonger sa démonstration, l'APGL avait convié trois jeunes chercheurs. «La paternité gay s'inscrit dans les changements de paternité actuelle, elle n'a pas de caractères très spécifiques», explique Emmanuel Gratton, dont la thèse de sociologie a porté sur des hommes gays devenus pères ou avec un projet de paternité. Martha Mailfert, doctorante elle aussi en sociologie, a enquêté auprès de familles lesbiennes. Sa thèse ne nie pas des difficultés au quotidien ­ notamment pour la reconnaissance de la «co-mère» ­ mais elle estime que le «problème des enfants n'est pas tant dans la structure des familles que dans le regard des autres». Comme le confirment d'autres scientifiques présents, c'est contre la stigmatisation et les discriminations qu'il faut aujourd'hui lutter.
«Il y a quelque chose d'un peu douloureux à démontrer que les enfants d'homos sont comme les autres», relève le psychanalyste Serge Hefez . L'obstétricien Israël Nisand se dit lui aussi «choqué de voir que des chercheurs doivent encore travailler sur le sujet». Et de lâcher, sous un tonnerre d'applaudissements : «On sait que la discrimination peut amener jusqu'à la mort. Il faut que des non-homosexuels défendent le droit des homosexuels à vivre normalement dans notre pays.» Plus provocateur, l'anthropologue Maurice Gaudelier clame que «ce qui fait la société c'est le politique et le religieux, pas la famille. Si la famille évolue, ça ne va pas foutre en l'air la société. Le catastrophisme est non fondé».
Mea-culpa. A gauche, les politiques en sont déjà convaincus. Marie-George Buffet commence par un mea-culpa, rappelant que le «PC n'a pas toujours été linéaire sur ce sujet». Depuis, son parti s'est prononcé en faveur du mariage gay, de l'ouverture de l'adoption aux homosexuels et de l'IAD (insémination avec donneurs) pour les lesbiennes. «Je vais continuer à porter ce combat, promet-elle. Je pense que l'opinion est prête.» Même ouverture chez les Verts, où Noël Mamère avait été le premier à célébrer un mariage gay, à Bègles, en 2004. Patrick Bloche rappelle les deux propositions de loi déposées par le PS en juin 2006 sur le mariage et les conditions d'exercice de la parentalité.
Mais à droite, UMP et UDF restent figées sur les questions du mariage et de l'adoption gays. «Notre volonté est de se centrer sur les questions concrètes», assure Laurent Wauquiez (UMP), qui propose de transformer le Pacs en un contrat célébré en mairie, et d'améliorer le statut du beau parent. A l'UDF, encore divisée sur le sujet, Jean-Christophe Lagarde évoque la création d'un «contrat d'union sociale avec les mêmes droits que le mariage», et la possibilité d'adoption simple par le deuxième parent. Des avancées, mais insuffisantes aux yeux des militants."
Source : Sandrine CABUT / Libération du lundi 5 février 2007

Les responsables religieux de Lyon unis contre le mariage homosexuel

Les responsables religieux de la région lyonnaise se déclarent contre le mariage homosexuel et l'homoparentalité dans un texte commun diffusé mardi qui constitue la première prise de position "inter-religieuse" sur le sujet en France.

"La question se pose aujourd'hui de savoir si la loi peut autoriser le mariage de deux personnes du même sexe. Il ne s'agit pas là d'un simple débat de société mais d'un choix majeur, sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Ce n'est pas un cadeau à faire aux générations futures", écrivent les responsables des cultes catholique, orthodoxe, juif, musulman, arménien, dont le cardinal Philippe Barbarin, le père Athanase Iskos, prêtre de l'Église orthodoxe grecque, le Grand rabbin Richard Wertenschlag, le recteur de la mosquée Kamel Kabtane.

"Une institution aussi essentielle (que le mariage) ne peut pas être soumise aux fluctuations des courants de pensée. Elle se situe bien au-delà des différences religieuses et des clivages idéologiques", ajoutent-ils, estimant que les conséquences d'une telle évolution "pourraient être dévastatrices".

Et on peut deviner non sans mal où les responsables de cette déclaration situe les fondements originaires du mariage: dans la nature, bien sûr, et la sacro-sainte complémentarité de la différence des sexes, «cœur de toute la création» selon eux, que les homosexuels seraient censés bouleverser...

De plus, pour les signataires, "il y a mensonge à prétendre qu'il est indifférent pour un enfant de grandir ou non avec un père et une mère". L'homme et la femme sont "appelés à s'unir dans le mariage pour donner la vie et la faire grandir. Tel est le socle originel sur lequel sont fondées nos vies personnelles, nos familles et nos sociétés", écrivent-ils.

En revanche, l'Église réformée n'a pas signé «parce que le sujet du mariage homosexuel lui semble être une question trop importante pour être prise en otage dans un débat préélectoral», a déclaré le président de L'Église réformée de Lyon Guillaume de Clermont. D'autant que l'Église évangélique luthérienne de France et l'Église protestante réformée sont engagées dans une réflexion nationale sur la famille qui s'achèvera lors d'un débat synodal du 17 au 20 mai prochain.

Source : e-llico et tetu.com

C'est toujours très intéressant de voir comment les religions sont finalement capables de s'entendre entre elles "pour le bien de l'humanité", elles qui ont souvent fait plus de mal à cette humanité (et en font encore !) que n'en feront jamais tous les homosexuels de tous les temps et de tous les lieux réunis.

Pour être juste, signalons toutefois un discours ecclésiastique plus positif. En effet,

"un évêque italien a fait entendre une voix originale dans le concert de condamnations mené par l'Église contre tout projet d'union civile. «La recherche de solutions sur d'autres formes [que le mariage] ne serait pas à exclure a priori, à condition que ce soit dans un cadre qui place vraiment au centre les intérêts de la famille», a déclaré l'archevêque d'Aoste, Mgr Giuseppe Anfossi, dans un entretien au quotidien La Repubblica hier, lundi 5 février. «Il faudrait d'abord faire comme la France, pays notoirement laïque, dont la législation en faveur de la famille peut être prise en modèle», a ajouté le prélat, président de la commission épiscopale italienne sur la famille. La France, qui a créé en 1999 le Pacte civil de solidarité (Pacs) pour les couples non-mariés homosexuels et hétérosexuels, est la championne de la natalité en Europe avec deux enfants par femme- contre 1,33 dans la très catholique Italie- grâce notamment à une politique nataliste volontaire. Bien sûr, les confrères de l'évêque d'Aoste sont loin de partager son ouverture «à d'autres formes d'union», et pensent au contraire qu'un Pacs détruirait les fondements de la famille. Argument classique du Vatican, repris dimanche dernier par le pape Benoît XVI, lors de l'Angélus sur la Place Saint-Pierre où il a renouvelé son appel à défendre «la famille fondée sur le mariage»."


Source : Ursula Del Aguila sur tetu.com (6 février 2007) (Avec AFP).


dimanche 4 février 2007

vendredi 2 février 2007

HOMOPARENTALITE : QUESTIONS ET REPONSE AUX FAMILLES D'AUJOURD'HUI

Débat scientifique et politique organisé par l’APGL
en partenariat avec France Culture


Samedi 3 Février 2007 de 13h30 à 17h.

Entrée libre - Amphithéâtre de l'EHESS, École des Hautes Études en Sciences Sociales
105, boulevard Raspail 75006 Paris
M°: Saint Placide / Notre-Dame-des-Champs


À cette occasion sera présenté le guide bibliographique de l’homoparentalité 2007 qui recense plus de 1000 études, articles et ouvrages, français ou internationaux, intéressant directement ou indirectement l'homoparentalité.

Scientifiques :

Deux exposés de jeunes chercheurs :
- Emmanuel Graton, docteur en sociologie clinique : “L’homoparentalité, côté père”
- Martha Mailfert, doctorante en sociologie : “Les familles homoparentales : réalités, enjeux, défis”.

Interview / débat entre l’animateur et Olivier Vecho, psychologue du développement :
“Développement socio-affectif des enfants de familles homoparentales.”
(Olivier Vecho est aussi l’auteur d’un travail de synthèse sur plus de 30 années d’études portant sur les familles homoparentales).

Débat entre les invités suivants :
Maurice Godelier, anthropologue
Serge Hefez, psychanalyste, thérapeute familial
Israël Nizand, médecin (spécialiste de l’assistance médicale à la procréation)
Jacques Commaille, sociologue de la famille

Autour des questions suivantes :

- Quel est votre regard sur ces travaux de jeunes chercheurs, sur leur utilité pour le débat public ?
- Votre discipline permet-elle de penser l’homoparentalité ?
- Avez-vous évolué dans vos idées et pourquoi ?
- Les sciences sociales peuvent-elles prédire et déterminer l’ordre social, symbolique de demain ?

Politiques :


Débat. Invités :
François Bayrou, UDF
Marie-Georges Buffet, PC
Ségolène Royal, PS
Nicolas Sarkozy, UMP
Dominique Voynet, Verts

Autour des questions suivantes :
- Quelles sont les propositions de votre parti concernant les familles homoparentales ?
- Qu’est-ce qui vous empêche d’aller plus loin : adoption, mariage, PMA, GPA… ?
- Comment appliquer le principe d’égalité aux enfants de familles homoparentales ?
- En quoi le débat scientifique vous aide-t-il à construire vos propositions politiques ?
- Quelles sont les raisons qui expliquent le retard législatif français sur ces sujets par rapport à
des pays comme l’Espagne, la Grande-Bretagne, la Belgique… ?

Débat avec le public.

Infos / Réservation :

Merci de vous inscrire en adressant un mail à : debat2007@apgl.asso.fr

APGL Nationale et Paris
C/O Centre Gay & Lesbien
3, rue Keller 75011 Paris
Tél. / Fax : 01 47 97 69 15
debat2007@apgl.asso.fr / www.apgl.asso.fr
Contact média : presse@apgl.asso.fr

Et pour rire un peu, voici un petit clip vidéo sur le sujet !...

jeudi 1 février 2007

"Une histoire de l'homosexualité" (Robert Aldrich, dir.)


En treize chapitres, "Une histoire de l’homosexualité" parcourt le monde et le temps pour mettre à jour une histoire collective en devenir. Un ouvrage passionnant qui est aussi un bel ouvrage superbement et intelligemment illustré.

Qu’un beau livre soit aussi un livre intelligent n’est pas si fréquent qu’on ne doive le signaler quand c’est le cas. Or " Une histoire de l’homosexualité " est sans conteste l’un et l’autre, mêlant une analyse brillante de plusieurs millénaires d’histoire des gays et des lesbiennes à travers le monde et une iconographie en parfaite adéquation, qui dit à quel point les homosexuels des deux sexes ont participé de toutes les manières possibles à l’histoire culturelle. Car c’est un des paris parfaitement réussi de cette " Histoire de l’homosexualité " que de ne pas séparer (bien au contraire) histoire des homosexuels — de la Grèce antique à nos jours, en Occident comme en Orient — et histoire de ce qu’on pourrait appeler (pour faire vite) la culture gay. Car dans l’esprit de cet ouvrage, la culture ce sont certes les œuvres mais c’est aussi la sédimentation d’une histoire collective dont nous sommes tous, à des degrés divers, les héritiers.
Et c’est bien ce qui s’affirme dans cet ouvrage aux contributions multiples et aux points de vue complémentaires (l’auteur, l’historien américain Robert Aldrich, s’est en effet entouré d’un grand nombre de spécialistes pour élaborer ce livre et parcourir les siècles et les continents) : que finalement cette histoire entamée dans l’antiquité, poursuivie dans les soubresauts du Moyen-Age, de l’ère des Lumières, dans le Berlin du début du XXè siècle ou dans l’Amérique puritaine de l’après-guerre, a accouché (à son corps défendant peut-être) d’une identité homosexuelle qui s’exprime désormais dans la revendication militante et politique, dans la mise en avant de concepts comme l’égalité de droits ou la lutte contre l’homophobie. Cet aboutissement n’était évidemment pas gagné d’avance, et cet essai le met remarquablement au jour en égrenant en treize chapitres autant de moments singuliers de cette histoire où alternent et se confrontent persécutions contre les sodomites et célébrations dans certaines civilisations de travestis sacrés, où s’opposent et se croisent célébrations du corps et puritanisme religieux, où se succèdent et se conjuguent mille et une explications de ce fait insaisissable qu’est l’homosexualité : maladie mentale, pratique passagère, péché mortel, héritage génétique, tare psychologique… On en passe et des pires. L’ensemble, composite mais parfaitement cohérent, est une illustration passionnante de ce que peuvent donner les gay studies à leur meilleur.

Didier Roth-Bettoni .

Homosexuality_Spanish_Inquisition


Présentation de l'éditeur
Dans le monde entier, depuis des millénaires, des hommes ou des femmes ont ressenti le besoin d'une intimité physique et affective avec un partenaire du même sexe. Leur histoire, longtemps oubliée, occultée, ignorée ou falsifiée est devenue ces dernières années l'objet d'un véritable flot de recherches. Des voies d'études entièrement nouvelles s'ouvrent et les vérités toutes faites cèdent du terrain. Une histoire de l'homosexualité utilise ces acquis pour offrir un tableau vivant et intellectuellement stimulant de ce qui, jusque très récemment, aurait pu être appelé une " histoire secrète ". Le livre embrasse une multiplicité d'aspects. Des historiens de neuf pays différents examinent les relations entre individus du même sexe à travers les siècles, cartographient les changements d'attitude envers l'homosexualité et suivent l'émergence d'un sentiment d'identité lié à la sexualité. Progr essant de la Grèce antique et de Rome à nos jours, avec des sujets tels que l'égalité des droits, le sida ou les unions civiles, ce livre aborde également d'autres cultures, en dehors de l'Occident; il révèle l'immense variété des relations homosexuelles, selon les époques et les lieux. De la poésie homoérotique perse aux récits de vie de femmes travesties dans l'Italie du XVIIIe siècle, des délices excentriques et hédonistes du Berlin de l'entre-deux-guerres, à l'existence d'un troisième sexe en Asie et chez les Amérindiens, le texte observe, réfléchit et raconte, à partir d'archives et d'une iconographie curieuse et originale - mémoires, lettres, œuvr es d'art et textes littéraires -, une histoire sociale et culturelle du monde gay et lesbien. L'héritage que nous ont laissé ces hommes et ces femmes a influencé les attitudes contemporaines envers la sexualité et modifient encore la manière dont beaucoup vivent leur vie. Une histoire de l'homosexualité est le premier ouvrage à fournir une vue d'ensemble sur les milliers d'années d'histoire qui ont forgé la culture gay actuelle, riche et variée.

Biographie de l'auteur
Robert Aldrich est professeur d'Histoire européenne à l'Université de Sydney. Il est l'auteur des ouvrages suivants : The Seduction of the Mediterranean : Writing, Art and Homosexuality. Avec Garry Wotherspoon, il a édité 2 volumes du Who's Who in Gay and Lesbian History, ainsi que plusieurs essais sur les études gays et lesbiennes australiennes.

Table des matières
Histoire gay et lesbienne
L'homosexualité en Grèce et à Rome
Le Moyen Âge
L'Europe des Temps modernes, 1400-1700
L'homosexualité masculine à l'époque
des Lumières et des révolutions, 1680-1850
Les lesbiennes et leurs semblables dans l'Europe moderne, 1500-1800
Les Amériques : de l'époque coloniale au XXe siècle
L'âge de l'homosexualité, 1870-1940
L'action politique gay et la sphère publique après la Seconde Guerre mondiale
Amours féminines à l'ère contemporaine
L'homosexualité révélée : comparaison entre les cultures et histoire de la sexualité
L'homosexualité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
Désir d'intimité entre individus du même sexe en Asie
Le monde gay, de 1980 à nos jours.