mercredi 7 février 2007

«Être élevé par des homos ne perturbe pas le développement des enfants»

En écho au post précédent, et pour introduire un peu de rationalité, là où les religions ne savent que tenir le discours de la peur et de l'irrationnel, je me permets de reproduire ici un interview réalisé sur tetu.com quelques jour avant le colloque de l'APGL sur le sujet le 3 février dernier (voir le post à ce sujet), et le compte-rendu fait par Libération.
Je remercie Psykokwak de me les avoir signalés dans l' un des ses commentaires.

"Comment se présentera le débat organisé le 3 février prochain à Paris ? Franck Tanguy: Avec des scientifiques des sciences humaines et sociales de renom (notamment l'anthropologue Maurice Godolier et le psychanalyste Serge Hefez), on fera le point sur l'homoparentalité en France. Juste avant l'élection présidentielle, c'est un moyen d'amener le débat politique sur ce sujet. L'APGL, qui existe depuis 21 ans, est la plus légitime pour créer ce débat-là. Pour les avoir rencontrés à de multiples reprises depuis les débats sur le Pacs, on a constaté que les partis, Les Verts et le Parti communiste en tête, étaient de plus en plus réceptifs à ce sujet. Le Parti socialiste, au départ assez réticent, est désormais ouvert à reconnaître nos familles, sans toutefois reconnaître l'insémination artificielle avec donneur pour les lesbiennes. Quant à la droite, on sent qu'elle est en train de faire le même boulot.
Les candidats à l'élection présidentielle seront-ils tous présents ? Franck Tanguy : Nous aurions préféré que l'UMP nous envoie quelqu'un d'autre, pour ce débat, que Stéphane Dassé, président du mouvement GayLib. Bien qu'il soit compétent, il n'est pas représentatif de son parti. En revanche, la candidate Marie-George Buffet sera présente pour le PC. On souhaite un mot d'engagement de la part de Dominique Voynet (Verts) et de Ségolène Royal (PS), Noël Mamère et Patrick Bloche seront là pour représenter leurs partis respectifs. Le député Jean-Christophe Lagarde, pour l'UDF, complètera le panel d'invités.
Parallèlement, vous publiez la version 2007 du Guide bibliographique de l'homoparentalité. Pourquoi? Martine Gross : L'idée est de créer un outil pour favoriser le travail des chercheurs, et prouver qu'il existe bel et bien des textes documentant l'homoparentalité dans le monde: on en dénombre près de 1000 en 35 ans. Il y en a 319 rien qu'en France, dont sept thèses de doctorat et 11 mémoires de DEA, et d'autres sont en cours. Il s'agit de contrer les hommes politiques qui affirment que ces études sont inexistantes. On nous affirme souvent que le développement et l'équilibre psychologique des enfants élevés par des homos seraient menacés, or on a retrouvé moins d'une vingtaine de textes négatifs sur le développement psychique de l'enfant, dont la majorité sont le fruit de recherches financées par le milieu religieux américain. En réalité, de toutes les études existantes, il ressort que le fait d'être élevé par des homos n'entraîne pas de différence notable pour les enfants. Ils ne vont pas plus mal que dans des familles traditionnelles.
Y a-t-il déjà eu une impulsion politique pour lancer ces études scientifiques? Martine Gross : Non, et il serait effectivement très bien qu'un groupe parlementaire commande une étude au CNRS sur le sujet. Cela permettrait d'attribuer plus de moyens aux chercheurs, car, comme dans la recherche en général, le manque d'argent est criant. De cette façon, on ne pourrait pas, comme l'a fait Valérie Pécresse [rapporteure de la mission parlementaire sur la famille] dans une interview, insinuer que les études sont financées par les associations homosexuelles. C'est absolument faux."
Source : Paul Parant / Copyright tetu.com

"Des scientifiques pour convaincre les politiques d'aller plus loin sur la question de l'homoparentalité. C'est le pari qu'avait fait l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) en organisant samedi à Paris un débat entre candidats à la présidentielle et scientifiques. Pari en partie gagné. Si la communiste Marie-George Buffet est la seule à s'être physiquement déplacée, les cinq partis de gouvernement étaient représentés. Patrick Bloche (PS) a parlé au nom de Ségolène Royal, Noël Mamère (Verts) en celui de Dominique Voynet, Laurent Wauquiez (UMP) pour Nicolas Sarkozy, et Jean-Christophe Lagarde (UDF) pour François Bayrou. Mais, avant de s'exprimer sur ce sujet qui concerne déjà 200 000 enfants en France, ils ont dû écouter.
Un millier de références. Les arguments de l'APGL, d'abord. L'association vient de recenser, dans un guide, toutes les enquêtes, études universitaires, thèses, etc. publiées sur l'homoparentalité dans le monde. Soit un millier de références, dont plus de 300 françaises. «La plupart ne montrent aucune différence de développement entre les enfants de couples homo et ceux de parents hétérosexuels, les rares études négatives ont été inspirées par les milieux religieux, relève Martine Gross, présidente honoraire de l'APGL. Les politiques nous ont souvent opposé le manque de recul, cet argument ne peut plus tenir la route. Il est temps de légiférer pour apporter à ces enfants la même protection juridique qu'aux autres.»
Histoire de prolonger sa démonstration, l'APGL avait convié trois jeunes chercheurs. «La paternité gay s'inscrit dans les changements de paternité actuelle, elle n'a pas de caractères très spécifiques», explique Emmanuel Gratton, dont la thèse de sociologie a porté sur des hommes gays devenus pères ou avec un projet de paternité. Martha Mailfert, doctorante elle aussi en sociologie, a enquêté auprès de familles lesbiennes. Sa thèse ne nie pas des difficultés au quotidien ­ notamment pour la reconnaissance de la «co-mère» ­ mais elle estime que le «problème des enfants n'est pas tant dans la structure des familles que dans le regard des autres». Comme le confirment d'autres scientifiques présents, c'est contre la stigmatisation et les discriminations qu'il faut aujourd'hui lutter.
«Il y a quelque chose d'un peu douloureux à démontrer que les enfants d'homos sont comme les autres», relève le psychanalyste Serge Hefez . L'obstétricien Israël Nisand se dit lui aussi «choqué de voir que des chercheurs doivent encore travailler sur le sujet». Et de lâcher, sous un tonnerre d'applaudissements : «On sait que la discrimination peut amener jusqu'à la mort. Il faut que des non-homosexuels défendent le droit des homosexuels à vivre normalement dans notre pays.» Plus provocateur, l'anthropologue Maurice Gaudelier clame que «ce qui fait la société c'est le politique et le religieux, pas la famille. Si la famille évolue, ça ne va pas foutre en l'air la société. Le catastrophisme est non fondé».
Mea-culpa. A gauche, les politiques en sont déjà convaincus. Marie-George Buffet commence par un mea-culpa, rappelant que le «PC n'a pas toujours été linéaire sur ce sujet». Depuis, son parti s'est prononcé en faveur du mariage gay, de l'ouverture de l'adoption aux homosexuels et de l'IAD (insémination avec donneurs) pour les lesbiennes. «Je vais continuer à porter ce combat, promet-elle. Je pense que l'opinion est prête.» Même ouverture chez les Verts, où Noël Mamère avait été le premier à célébrer un mariage gay, à Bègles, en 2004. Patrick Bloche rappelle les deux propositions de loi déposées par le PS en juin 2006 sur le mariage et les conditions d'exercice de la parentalité.
Mais à droite, UMP et UDF restent figées sur les questions du mariage et de l'adoption gays. «Notre volonté est de se centrer sur les questions concrètes», assure Laurent Wauquiez (UMP), qui propose de transformer le Pacs en un contrat célébré en mairie, et d'améliorer le statut du beau parent. A l'UDF, encore divisée sur le sujet, Jean-Christophe Lagarde évoque la création d'un «contrat d'union sociale avec les mêmes droits que le mariage», et la possibilité d'adoption simple par le deuxième parent. Des avancées, mais insuffisantes aux yeux des militants."
Source : Sandrine CABUT / Libération du lundi 5 février 2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Er ça a été après le débat?