jeudi 26 janvier 2006

HOMOSEXUALITE ET CHRISTIANISME

Extraits d’une conférence du Père dominicain Gareth Moore donnée à la Communauté dominicaine de Froidmont à Rixensart les 8 et 9 mars 1997. Il est malheureusement décédé en décembre 2002

(...)

Quelle est donc la doctrine officielle de l’Église catholique sur l'homosexualité ? L'essentiel peut être dit de manière très concise: tout acte homosexuel est en tant que tel, et donc intrinsèquement, un mal. Il n'y a aucun acte homosexuel, dans n'importe quelles circonstances, qui puisse être bon ou accepté. C'est toujours un péché. C'est très récent que l’Église universelle traite explicitement de l'homosexualité. "Persona Humana", un document, publié au Vatican en 1976, qui traite de plusieurs questions sexuelles, parle ainsi de l'homosexualité :

Selon l'ordre moral objectif, les relations homosexuelles sont des actes dépourvus de leur règle essentielle et indispensable. Elles sont condamnées dans la Sainte Écriture, comme de graves dépravations et présentées même comme la triste conséquence d'un refus de Dieu. Ce jugement de l'Écriture ne permet pas de conclure que tous ceux qui souffrent de cette anomalie en sont personnellement responsables, mais il atteste que les actes d'homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et qu'ils ne peuvent en aucun cas recevoir quelque approbation.

Le document "Homosexualitatis Problema" (1986) ajoute les points suivants :

« … Bien qu'elle ne soit pas en elle-même un péché, l'inclination particulière de la personne homosexuelle constitue néanmoins une tendance, plus ou moins forte, vers un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral. C'est la raison pour laquelle l'inclination elle-même doit être considérée comme objectivement désordonnée.

Aussi ceux qui se trouvent dans cette condition devraient-ils faire l'objet d'une sollicitude pastorale particulière, afin qu'ils ne soient pas enclins à croire que l'actualisation de cette tendance dans les relations homosexuelles est une option moralement acceptable. La personne homosexuelle n'est donc pas dans une position heureuse, mais en restant fidèle aux sacrements (surtout celui de la réconciliation), en portant sa croix comme Jésus a porté la sienne, elle peut espérer le salut. »

Le "Catéchisme de l’Église catholique" (1992) résume de manière très concise cette position négative :

S'appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves, la Tradition a toujours déclaré que "les actes d'homosexualité sont intrinsèquement désordonnés". Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l'acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d'une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d'approbation en aucun cas. »

Dans ce texte on voit de multiples considérations rangées ensemble contre l'homosexualité : la Bible, la tradition, la loi naturelle, la complémentarité. La foi chrétienne et la raison humaine ensemble démontrent la nécessité absolue de s'abstenir de toute activité homosexuelle. (...)

Première précision: Il est clair que cette doctrine surtout concerne les actes homosexuels. Il faut distinguer les actes et la tendance à les commettre, cette tendance que les documents officiels appellent parfois "la condition homosexuelle". Une personne homosexuelle trouve en elle-même une tendance à commettre de tels actes homosexuels. Il faut résister à cette tendance comme à tout autre tendance au péché. Elle n'est pas un péché en elle-même, parce qu'elle n'est pas un acte qui pourrait être jugé moralement; elle est simplement un élément donné, une condition que certains découvrent dans leur nature psychique. Mais c'est une condition à regretter, puisque c'est une tendance au péché. La personne homosexuelle n'est donc pas en tant que telle un pécheur, elle peut être très vertueuse. Elle ne commet un péché que si, cédant à sa tendance sexuelle, elle "passe à l'acte"; mais, si elle agit ainsi, elle commet inévitablement un péché. Puisque tous les chrétiens sont obligés à lutter contre le péché, la condition de la personne homosexuelle l'implique obligatoirement dans une lutte morale contre une partie de elle-même.

Deuxième précision: Dans la tradition catholique, il faut toujours distinguer le péché et la culpabilité. Pour que le péché soit vraiment un acte humain, dont celui qui le commet est vraiment responsable et donc coupable, il faut qu'il agisse en toute liberté et en pleine connaissance de ce qu'il fait. Pour parler de manière simple, le péché, c'est faire quelque chose contre la volonté de Dieu (ou ne pas faire quelque choses que Dieu veut absolument qu'on fasse). Si, p. ex., il est contre la volonté de Dieu de voler la propriété d'autrui, une personne qui vole la propriété d'autrui agit contre la volonté de Dieu, il commet le péché. Mais si elle ne sait pas que le vol est contre la volonté de Dieu, ou qu'elle est contrainte par sa pauvreté à voler, ou qu'elle vole malgré elle, sa culpabilité est diminuée voire éliminée. Si la doctrine de l’Église dit que l'homosexuel a en tant que tel, une tendance à pécher, elle ne dit pas qu'il est, en tant que tel, un pécheur. Elle ne dit pas non plus que l'homosexuel qui "passe à l'acte" en est coupable. S'il ne croit pas que ce qu'il fait soit un péché, ou qu'il le fait malgré lui - parce qu'il est trop faible pour résister à la tentation ou pour une autre raison - sa culpabilité est diminuée voire éliminée. (...)

La Bible

(...) Dans l'Ancien Testament, il y a deux textes principaux: Genèse 19 et Lévitique 18:22. En Genèse 19 est racontée l'histoire de la destruction de Sodome et Gomorrhe. Deux hommes (en fait des anges) arrivent à Sodome et Lot, le neveu d'Abraham, les invite à loger chez lui. Tous les hommes de la ville entourent la maison de Lot en demandant qu'il leur livre les deux étrangers pour qu'ils les "connaissent". A cause de leur méchanceté, Dieu détruit la ville. La leçon à tirer est que Dieu ne supporte pas les actes homosexuels. Au Lévitique 18:22 on trouve un texte légal, beaucoup plus concis et explicite: "Tu ne coucheras pas avec un homme comme avec une femme".

Le Nouveau Testament contient également des textes qui condamnent explicitement l'homosexualité. Le premier chapitre de la lettre de Saint Paul aux Romains déclare que le comportement et le désir homosexuels qui est à trouver dans le monde païen du premier siècle est précisément le châtiment du paganisme. Paul dit:

Aussi Dieu les a-t-il livrés selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent mêmes leurs propres corps;eux qui ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature de préférence au Créateur qui est béni éternellement. Amen. Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes : car leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature; pareillement les hommes délaissant l'usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétuant l'infamie d'homme à homme et recevant en leurs personnes l'inévitable salaire de leurs égarements. (Rom 1. 24-27)

En 1 Corinthiens, Paul dit plus brièvement : Ne savez vous donc pas que les injustes n'hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! ni les débauchés, les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les pédérastes, ni les voleurs, ni les accapareurs, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les filous n'hériteront du Royaume de Dieu (1 Cor 6:9 - 10)

Il y a donc une condamnation visible et incontournable de l'homosexualité dans les deux testaments; pour rester fidèle à la Bible, la Parole de Dieu, l’Église doit inévitablement condamner elle aussi toute action homosexuelle. Cette condamnation correspond aussi très bien à la position négative prise historiquement par l’Église Mais il ne s'agit pas simplement de renforcer une prise de position négative par rapport à l'homosexualité en recherchant dans la Bible des textes qui la justifient. Il y a des valeurs positives qui jouent aussi, des valeurs qui s'expriment également dans Écriture sainte. Celles-ci concernent les relations entre les hommes et les femmes. Je cite le document "Homosexualitatis Problema". Faisant référence à Genèse 1, il dit : Dieu, dans son infinie sagesse et son amour tout-puissant, appelle à l'existence la réalité toute entière comme un reflet de sa bonté. Il crée l'homme à son image et ressemblance, comme homme et femme. Les êtres humains sont donc des créatures de Dieu, appelées à refléter, dans la complémentarité des sexes, l'unité du Créateur. Ils réalisent cette tâche de façon spéciale quand ils coopèrent avec lui dans la transmission de la vie par la donation conjugale réciproque.

C'est une valorisation très forte de la relation homme-femme, valorisation qui lie la différence entre les sexes et leur coopération sexuelle à la nature de Dieu lui même. Mais s'ensuit logiquement, semble-t-il une dévalorisation des rapports homosexuels : Opter pour une activité sexuelle avec une personne du même sexe revient à annuler le riche symbole et la signification - pour ne rien dire des fins - du dessein de la sexualité selon l'intention du Créateur. L'activité homosexuelle n'exprime pas la complémentarité d'une union capable de transmettre la vie et ainsi, elle est en contradiction avec la vocation d'une existence vécue sous la forme de ce don de soi dans lequel l'Évangile voit l'essence même de la vie chrétienne. Cela ne signifie pas que les personnes homosexuelles ne soient pas souvent généreuses et capables du don d'elles-mêmes, mais quand elles entretiennent une activité homosexuelle, elles cultivent en elles une inclination sexuelle désordonnée, foncièrement caractérisée par la complaisance de soi. Pour mettre en valeur la différence sexuelle créée par Dieu et la procréation qui suppose évidemment l'hétérosexualité, il faut exclure l'homosexualité. C'est au fond pour défendre la valeur de ce que Dieu a crée, la raison d'être de la sexualité et sa signification symbolique, que l’Église doit condamner l'homosexualité. Dieu a crée la sexualité pour que les hommes et les femmes puissent s'unir de manière féconde et qu'ils soient ainsi vraiment l'image de Dieu.

Cet enseignement qui condamnent l'homosexualité semble à première vue condamner aussi les homosexuels ; s'ils souhaitent rester fidèles à l’Église, ils ne connaîtront jamais l'amour sexuel qui va pratiquement de soi pour le reste du monde. Mais en réalité, dit la doctrine officielle, ce n'est pas le cas. L’Église n'impose rien, elle reconnaît simplement la volonté, clairement exprimée dans la Bible, de Dieu et elle insiste pour rester fidèle à Dieu. Les hommes ne trouvent finalement leur vrai bonheur qu'en Dieu et en lui restant fidèle. Dieu veut notre bonheur; qui se détourne de lui s'oriente vers le malheur. Or c'est pour l'hétérosexualité que Dieu nous a crées, non pas pour l'homosexualité ; c'est pourquoi, ayant reconnu qu'il n'est pas bon que l'homme soit seul, il a crée Ève pour Adam et pas un second homme: Dieu a crée Adam et Ève, pas Adam et Yves. L'homme et la femme se complètent mutuellement et trouvent le bonheur que Dieu veut pour eux, dans leur vie ensemble qui a le caractère d'un don mutuel de soi et dont leurs rapports sexuels font partie. Il n'en va pas de même pour les rapports homosexuels, qui ont pour but essentiels la complaisance de soi. Je cite de nouveau "Homosexualitatis Problema" :

"Comme dans tout désordre moral, l'activité homosexuelle entrave la réalisation et la satisfaction personnelle, parce qu'elle est contraire à la sagesse créatrice de Dieu. En rejetant des opinions erronées concernant l'homosexualité, l’Église ne limite pas, mais défend plutôt la liberté et la dignité de la personne entendues d'une façon réaliste et authentique. Dieu ne condamne pas l'homosexuel; il l'aime, il veut son bonheur. C'est parce qu'il aime, pas parce qu'il condamne, qu'il dit à l'homosexuel: "Pas de pratiques homosexuelles ! Elles te rendront malheureux. Si dur que cela puisse te paraître, tu seras plus heureux, plus libre, si tu t'en abstiens. "La personne homosexuelle qui ne s'abstient pas de toute pratique homosexuelle ne risque pas d'être condamnée par Dieu. Elle sera, malgré elle, malheureuse, et c'est cela que Dieu veut éviter. L’Église aussi, qui ne veut qu'accomplir la volonté de Dieu, veux que tous les hommes soient heureux; elle essaie donc de détourner les personnes homosexuelles, qu'elle aime, de leurs activités sexuelles."

(...) L’Église prétend condamner l'homosexualité, non par préjugé, mais par respect pour Dieu et pour les hommes, et sur base d'une théorie qui s'appuie sur la Bible et la nature de la sexualité. Il y a beaucoup de catholiques et aussi de nombreux protestants qui sont très contents de cette position de l’Église en raison de sa fidélité évidente à la Bible et à la tradition chrétienne. D'autre part, elle n'est pas conçue pour rendre heureux les homosexuels. Il y a beaucoup de gens qui sont profondément blessés par ce que l’Église dit à leur égard, malgré que l’Église prétend les aimer et parler ainsi pour qu'ils évitent le malheur. Il y a ceux qui, déjà aliénés par l’Église, trouve dans sa doctrine un préjugé "médiéval" un obscurantisme pour lequel il n'y a pas de place dans le monde d'aujourd'hui. Il y a aussi des homosexuels catholiques, profondément attachés à l’Église, qui se sentent rejetés et condamnés par cette institution à laquelle ils veulent rester fidèles. Mais pour ceux à qui elle ne plaît pas, il ne suffit pas de dire que l'enseignement actuel est blessant, ou qu'il empêche leur épanouissement. L’Église reconnaît qu'il peut être dur à recevoir et à vivre, mais elle prétend qu'elle n'a pas le choix : son devoir n'est pas de plaire aux hommes mais de rester fidèle à Dieu, à la vérité. Si, au fait, l'homosexualité déplaît à Dieu, l’Église ne peut dire autrement ; aucun homosexuel qui prétend croire en Dieu ne peut dire autrement. Au fond, il s'agit de proclamer et de défendre la vérité, et de vivre selon elle. (...)

L’Église parle toujours en termes d'actes homosexuels; elle ne parle jamais de relations homosexuelles. C'est-à-dire qu'en traitant des actions homosexuelles des homosexuels, elle en parle comme si celles-ci se produisaient en dehors de toute relation humaine. Les actions homosexuelles des hétérosexuels sont par contre toujours considérées dans le contexte du mariage, c-à-d d'un don mutuel de deux personnes qui se consacrent l'un à l'autre.

Donc ce contexte, l'acte sexuel peut avoir un sens évident: l'union physique des deux corps est apte à exprimer symboliquement l'unité des deux personnes unies par l'amour. Peut être qu'elle exprime aussi, comme le prétend la doctrine de l’Église, l'unité de Dieu, du Père, du Fils et du Saint Esprit dont le principe d'unité est l'amour. Mais l'amour homosexuel existe aussi. Les rapports homosexuels ne sont pas à traiter comme s'ils existaient sans contexte humain, comme le fait l’Église

Les rapports homosexuels peuvent se produire sans relation humaine et sans amour, c'est vrai, mais il en va de même pour les rapports hétérosexuels. Le sexe sans l'amour est peut être à déplorer, mais c'est une autre question. L'amour homosexuel existe et il est réel. Cet amour qui unit deux personnes mariées peut unir aussi deux personnes homosexuelles. Comme les hétérosexuels, les homosexuels peuvent faire l'amour. Dans le cas de deux homosexuels qui s'aiment mutuellement, qui partagent leur vie, qui se consacrent l'un à l'autre de manière permanente, l'union sexuelle peut également être l'expression physique de l'amour qui unit; il n'est pas évident de dire qu'une telle union sexuelle ne pourrait pas être également, comme l'union physique de deux personnes mariées, un symbole de l'unité de Dieu. Certes, l'union sexuelle de deux personnes homosexuelles ne peut produire d'enfant, ne peut être féconde de la même manière que celle de deux personnes hétérosexuelles. L'union sexuelle de deux personnes mariées dont une est stérile ne peut l'être non plus. En plus, l'union sexuelles d'un couple marié est censée, selon la doctrine officielle, refléter l'unité de Dieu. Mais l'union des personnes de la Trinité n'est pas féconde comme l'union sexuelle d'un couple marié. Dieu n'est pas fécond, il est créateur. C'est-à-dire que le couple hétérosexuel fécond est une mauvaise image de Dieu.

La Bible revisitée

(...) Comment est-il possible que les israélites et les premiers chrétiens s'expriment au sujet de l'homosexualité alors qu'ils n'avaient même pas le concept de l'homosexualité ? Il ne s'agit pas ici du simple fait qu'il n'y avait pas de mot en hébreu ou en grec qui correspondait au mot français, bien qu'il ne soit pas sans importance de poser la question de savoir pourquoi ces mots n'existaient pas. Nous avons le concept d'homosexualité parce que dans notre conceptualisation de la vie sexuelle, les genres et leurs combinaisons occupent une place centrale; pour nous, il est capital de savoir si deux personnes qui ont des rapports sexuels sont du même sexe ou de deux sexes différents. Les études historiques montrent que pour les civilisations anciennes cette question n'avait pas du tout la même importance. Il était beaucoup plus important de savoir si le rôle sexuel de chacun (actif/passif) correspondait à son statut social. Par exemple, il ne faisait pas problème qu'un homme libre pénètre un esclave, mais il était inacceptable qu'un esclave pénètre un homme libre. Mais il y a un problème plus profond concernant la manière dont l’Église se sert de la Bible en prenant position par rapport à l'homosexualité.

Il y a beaucoup de passages de Écriture que l’Église est prête à oublier, par exemple : Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour argent, ni pour vivres, ni pour rien de ce qui se prête à intérêt. (Deutéronome) (23:19) ... N'appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. (Matthieu 23 :9)

Même s'il y a des textes qui interdisent l'homosexualité (...) il est curieux que l’Église insiste dessus tellement fort tout en laissant tomber d'autres textes qui concernent la justice, les relations entre les hommes et la relation homme-Dieu, et qui peuvent être considérés comme exprimant la volonté de Dieu. L’Église peut donc oublier des textes bibliques quand cela lui convient. On peut avoir le sentiment que ce n'est pas le vrai respect de la parole de Dieu qui joue ici, mais un préjugé qui profite pour se justifier de l'existence de certains textes. Certainement, on sait que, si l’Église peut oublier certains textes bibliques tout en restant fidèle à la vérité et à la volonté de Dieu, elle peut oublier d'autres textes aussi. Les textes sur lesquels s'appuie l’Église ne sont pas à respecter simplement parce qu'ils sont là.

J'ai dit que la doctrine de l’Église n'est pas conçue pour rendre heureux les homosexuels. L’Église prétend que cela est faux. Elle ne dit pas que le bonheur est facile pour un homosexuel, mais elle prétend quand même que c'est en suivant sa doctrine que l'homosexuel dont la vie ne sera peut être jamais facile, sera le plus heureux possible. L'homosexuel qui rejette cette doctrine en espérant trouver le bonheur dans une liaison homosexuelle se leurre. La vie activement homosexuelle entraîne le malheur. Je rappelle : Comme dans tout désordre moral, l'activité homosexuelle entrave la réalisation et la satisfaction personnelle, parce qu'elle est contraire à la sagesse créatrice de Dieu. (Homosexualis Problema, § 7)

(...) Dieu veut le bonheur de l'homme, et ce que nous appelons un commandement de Dieu est un moyen de réaliser le bonheur humain. Il s'ensuit presque par définition qu'une manière de vivre qui est contraire à la volonté, à la sagesse créatrice de Dieu, entrave le bonheur et entraîne le malheur. Si l'homosexualité active (c-à-d les rapports homosexuels) est contraire à la volonté de Dieu, si c'est un "désordre moral", il s'ensuit qu'elle entrave le bonheur et entraîne le malheur. D'autre part, si elle n'entraîne pas le malheur, il s'ensuit qu'elle n'est pas un désordre moral, qu'elle n'est pas contraire à la volonté de Dieu. Il faut donc poser la question: est-il possible d'être à la fois homosexuel "pratiquant" et heureux ? (...)

Je connais personnellement des homosexuels pratiquant qui sont aussi heureux. Il n'y a aucune preuve que les homosexuels "pratiquants" doivent forcément être plus malheureux que les homosexuels "non-pratiquants", et l'expérience humaine nous dit le contraire. Les "non-pratiquants" sont parfois les plus malheureux et les plus angoissés des homosexuels. Il est vrai, semble-t-il, que les homosexuels, soit pratiquants soit "non-pratiquants", ont tendance à être moins heureux que les hétérosexuels; ils sont parfois très malheureux, à ce point qu'ils se suicident. Mais ceci n'est pas à expliquer en faisant appel à un "désordre moral". Le fait que, dans la plupart des sociétés, les homosexuels sont méprisés, qu'ils apprennent dès leur jeunesse à se mépriser, qu'on les disent malheureux, qu'ils vivent dans leur peur, qu'ils doivent se cacher, que la société ne les soutient ni les valorise nullement (comme elle valorise l'hétérosexualité et soutient les couples mariés),qu'ils sont souvent menacés par des lois répressives et donc par le chantage-tout cela peut facilement rendre malheureux les homosexuels, soit pratiquants soit "non pratiquants". Il n'est pas besoin de faire appel à un "désordre moral" pour expliquer le malheur de beaucoup d'homosexuels; de telles circonstances rendraient malheureux n'importe qui. Malgré tout cela, il y a des homosexuels qui réussissent à être heureux. Il n'y a aucune évidence que ceux qui mènent une vie sexuelle active sont moins malheureux que ceux qui restent seuls.

Au contraire, il est a priori très probable que le fait de vivre un amour sexuel profond rende heureux les homosexuels comme il rend heureux les hétérosexuels. Ceux qui vivent ainsi ou qui connaissent des couples homosexuels réussis en sont témoins. En plus, c'est souvent ces homosexuels-ci qui ont vaincu leur peur, qui ne se cachent plus, et cela aussi rend plus heureux. Il est donc faux de dire que le fait de vivre une vie homosexuelle entrave en soi le bonheur et entraîne le malheur. Il est donc faux aussi de dire que l'homosexualité est un désordre moral contraire à la volonté de Dieu. Il s'ensuit, semble-t-il que la doctrine de l'Église est fausse. Cette doctrine est aussi dangereuse.

L’Église veut que tout homosexuel s'abstienne de manière permanente de toute relation sexuelle. Selon la Bible, Dieu reconnaît qu' "il n'est pas bon que l'homme soit seul" et insiste pour créer pour Adam un partenaire qui lui plaise, elle veut que tout homosexuel vive dans une solitude sexuelle, une solitude non pas voulue, comme celle d'un prêtre ou d'une religieuse, mais imposée. La vie de couple, qui selon l’Église fait partie intégrale de la nature et du bonheur humains, est interdite par l’Église aux homosexuels. Si, selon la parole de Dieu, il n'est pas bon que l'homme soit seul, cette solitude imposée risque de faire des dégâts. Le fait de vivre, malgré soi, seul et sans relation sexuelle, n'enlève pas l'affectivité. Tout le monde le reconnaît: l'homosexuel qui vit dans la solitude reste quand même homosexuel. Si cette affectivité reste forcément sans expression, si elle ne s'exprime pas physiquement dans la cadre d'une relation humaine, elle peut facilement se déformer et rendre malheureuse et déséquilibrée la personne concernée. D'autre part, si l’Église voudrait créer une affectivité sans sexualité, elle risque de créer aussi une sexualité sans affectivité, une sexualité purement physique et mécanique, dépourvue de tout aspect relationnel et de toute humanité. Dans la vie humaine, l'affectivité et la sexualité vont ensemble; si on érige une barrière entre les deux, on risque de les abîmer toutes les deux.

L'amour

Pour revenir à la Bible, j'ai dit que les textes sur lesquels s'appuie l’Église ne sont pas à respecter simplement parce qu'ils sont là. Pour aller un peu plus loin, on peut demander: quels sont les textes bibliques qui sont à respecter Ils n'ont pas tous la même importance, il faut trier un peu. Tout dépend de quelles sont pour nous les idées clé de la Bible. Si nous lisons la Bible comme chrétiens, il est clair que Jésus Christ est la figure centrale de toute la Bible, qui est à lire à la lumière de sa vie et de son enseignement. Or, pour Jésus l'idée clé est l'amour: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. (Mathieu 22:37-40)

- "Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres… C'est ici mon commandement: Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés… Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres." (Jean 13:34;15:12,17)

- "Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites le de même pour eux, car c'est la loi et le prophètes." (Mathieu 7 :12)

Même Paul, qui, au contraire de Jésus, a des choses à dire sur les rapports sexuels entre des personnes de même sexe, insiste pour dire que c'est l'amour qui prime :

- "Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres ;car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements "Tu ne commettras point d'adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, et ceux qu'il peut encore y avoir, se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L'amour ne fait point de mal au prochain: l'amour est donc l'accomplissement de la loi." (Romains 13:8-10)

- "Que tout ce que vous faites se fasse avec amour" (I Corinthiens 16:14)

- "Frères, vous avez été appelés à la liberté; seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ;mais rendez-vous, par amour, serviteurs les uns des autres. Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. "(Galates 5:13-14)

Pour développer sa doctrine sur la sexualité, l’Église prend comme point de départ des textes tels que Genèse 1 :27 ("A l'image de Dieu il créa ; mâle et femelle il les créa.") et Genèse 2:24 ("Aussi l'homme laisse-t-il son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et ils deviennent une seul chair.")

On peut poser la question : Il est bien de se baser sur la Bible, mais pourquoi commencer ici ? Nous savons que les textes qui parlent de l'amour sont beaucoup plus centraux dans le christianisme. Nous savons, d'après ce que disent Paul et Jésus même, que l'amour est plus important que la loi. Pour les chrétiens, les textes sur l'amour sont un point de départ beaucoup plus naturel que quelque texte que ce soit du livre de la Genèse. La fidélité la plus profonde à la Bible et à Dieu, ne consiste-t-elle pas en le fait de prendre au sérieux la primauté de l'amour ? Ceci est aussi la tradition authentique de l’Église et des églises, soit catholiques soit protestantes.

St Augustin dit: "Aimez, et faites ce que vous voulez". C'est une bonne règle et authentiquement chrétienne. Elle exprime la place centrale de l'amour dans l'éthique chrétienne, mais aussi la liberté que l'amour nous donne. Du point de vue chrétien, si quelqu'un aime son prochain il n'est soumis à aucune autre contrainte. Ce que l'amour chrétien exige, c'est qu'on supprime ses égoïsmes qu'on préfère l'autre à soi-même, qu'on recherche le bien de l'autre. Ce n'est pas facile, il faut beaucoup de patience, d'énergie, de bonne volonté. On peut aussi faire erreur, on peut croire que ce qu'on fait est pour le bien de l'autre alors qu'il ne l'est pas. Mais ce principe de l'amour donne à l'homme aussi beaucoup de liberté. Si, comme le dit St Paul, l'amour ne fait point de mal au prochain et est donc l'accomplissement de la loi. (Romains 13:10), aucune autre loi n'est d'application. Il y a sans doute beaucoup d'autres règles qui découlent de la "loi de l'amour", mais il n'y a pas d'autre base de la morale chrétienne, il n'y a pas de principe éthique concurrent ou supplémentaire.

(...) Beaucoup de théologiens catholiques, en traitant de la sexualité, font référence à une prétendue loi naturelle qui est censée être la volonté de Dieu inscrite dans la nature des choses crées, surtout dans la nature humaine. Cette loi est censée exclure certaines pratiques sexuelles. (...) Nos organes sexuels font partie de notre nature physique. Si on examine la forme et le fonctionnement de ces organes, il est clair qu'ils sont là pour fonctionner ensemble, organes masculins avec organes féminins, pour générer une nouvelle vie humaine. C'est là leur raison d'être, c'est là leur but. Utiliser ces organes autrement, p.ex. par la masturbation ou par les rapports sexuels avec préservatif, va à l'encontre de notre nature. La forme et le fonctionnement du pénis et de l'anus nous montre que, par contre, ces deux organes ne sont pas là pour aller ensemble. La pénétration anale est contre nature. Or l'auteur de cette nature est Dieu. Agir contre nature est donc une offense contre Dieu.

(...) Pour montrer que les hommes sont tenus à telle ou telle ordonnance de la loi naturelle, il faudrait montrer non seulement que c'est vraiment une ordonnance de cette loi, mais aussi que la transgression de cette ordonnance est contraire à l'amour du prochain. Même s'il est vrai que la loi naturelle excluait les rapports homosexuels - et il serait très difficile de le prouver - cette conclusion ne serait pas pertinente à l'évaluation chrétienne de l'homosexualité. Il faudrait démontrer plutôt que tout acte homosexuel est contraire à l'amour du prochain. Je ne sais même pas comment on essayerait de prouver cela. Il en va de même pour des idées plus récentes qui sont parfois apportées pour exclure l'homosexualité. L'homosexualité, dit-on, exclut la complémentarité homme-femme. Cette complémentarité, à la fois physique et affective, est créée et voulue par Dieu; en l'excluant, l'acte homosexuel va à l'encontre de la volonté de Dieu. En réalité, cette idée n'est qu'un prétendu élément de la loi naturelle, puisqu'elle fait appel à la nature de l'homme et de la femme tels qu'ils ont été crées par Dieu.

La réponse est la même: Dieu veut au fond l'amour, pas la complémentarité; Jésus en est témoin. La loi de la complémentarité, si elle existe, n'est pas d'application en tant que telle. Pour prouver que l'homosexualité est contre la volonté de Dieu, il faudrait démontrer que les rapports homosexuels sont contraires à l'amour du prochain.

Une variante de la notion de la complémentarité est celle de l'altérité. Selon cette idée, l'homosexuel, qui s'attache à une personne du même sexe, cherche ainsi le même et refuse l'autre. Or l'amour est précisément l'ouverture à l'autre; qui se ferme contre l'autre, comme le font les homosexuels dans leurs rapports sexuels, agit contre l'amour. Il y a ici un vrai argument contre l'homosexualité parce qu'il se base sur l'importance de l'amour. Malheureusement (ou heureusement), il se base aussi sur plusieurs erreurs. L'amour implique bien sûr l'ouverture à l'autre, mais cela veut dire que celui qui aime s'ouvre à une autre personne. L'amour n'implique pas que celui qui aime s'ouvre à une autre personne du l'autre sexe.

Sinon, il serait impossible d'aimer une personne du même sexe, ce qui est absurde. Notons que cet argument parle de l'amour, pas seulement des rapports sexuels; c'est par son amour que l'homosexuel se ferme, est censé se fermer contre l'autre. L'argument condamnerait donc pas seulement les rapports homosexuels mais aussi l'amour entre deux personnes du même sexe, ce qui est inacceptable.

En plus, il n'est pas vrai que celui qui aime, même sexuellement, une autre personne du même sexe se ferme contre toutes les personnes de l'autre sexe; simplement, il ne couche pas avec elles. Il y a beaucoup d'autres façons de s'ouvrir aux autres. Personne ne dirait que celui qui aime une personne de l'autre sexe se ferme contre toute les personnes du même sexe. Si, suivant l'autorité de Jésus, on prenait l'amour comme fondement et point de départ, on pourrait facilement arriver à une conclusion bien loin de la doctrine actuelle concernant l'homosexualité. L'amour homosexuel véritable existe, c'est indéniable, on n'a qu'à regarder. (...)

"Homosexualitatis Problema" est d'accord pour dire que les personnes homosexuelles sont capables d'aimer, qu'elles sont souvent généreuses et capables du don de soi; mais le document prétend, comme nous l'avons déjà vu, que "quand elles entretiennent une activité homosexuelle, elles cultivent en elles une inclination sexuelle désordonnée, foncièrement caractérisée par la complaisance de soi". Ceci doit vouloir dire plus que le simple fait que les homosexuels font l'amour parce qu'ils le trouvent agréable; c'est plutôt une accusation d'hédonisme et d'égoïsme; l'activité homosexuelle est contre l'amour. (...)

Quand on dit que quelqu'un agit par égoïsme ou par complaisance de soi, on dit pourquoi il fait ce qu'il fait; on parle de ses intentions, de ses désirs. Or celui qui sait le mieux ce qu'une personne veut faire et pourquoi elle veut le faire, c'est la personne elle-même. Il n'est pas juste d'imputer a priori une intention égoïste à une autre. Il faut demander aux personnes concernées elles-mêmes. Il est clair que deux homosexuels peuvent faire l'amour pour beaucoup de raisons différentes, et ces raisons ne sont pas forcément pas égoïstes; chacun peut vouloir faire plaisir à l'autre, comme dans un couple hétérosexuel.

(...) Bref, il est simplement faux de dire que les rapports homosexuels sont foncièrement caractérisés par la complaisance de soi. Toutes les intentions, tous les désirs qui sont possibles à un couple hétérosexuel sont possibles aussi à un couple homosexuel, sauf l'intention de procréer, et le manque de cette intention ne rend pas égoïstes les rapports sexuels. Si les rapports hétérosexuels peuvent être l'expression d'un don mutuel de soi, les rapports homosexuels peuvent l'être aussi. Si cette suggestion est correcte, les homosexuels sont sujets à la même loi que les hétérosexuels, celle de l'amour. Ils y sont tous sujets parce que l'amour est la vraie volonté de Dieu. Il y sont sujets dans tous les aspects de leur vie : dans leur vie économique, dans leur vie politique, dans leur relation avec leurs enfants, s'ils en ont, dans leur vie artistique, dans leur vie sexuelle. Dans le domaine sexuelle, qu'est-ce que l'amour exige ?

A mon avis, il exige au moins qu'on ne s'impose pas à l'autre et qu'on ne l'utilise pas comme un simple objet sexuel, qu'on ne le déçoive pas, qu'on ne le trahisse pas par l'infidélité sexuelle. L'amour exige aussi que le couple n'oublie pas l'obligation d'aimer les autres. Il y a peut-être d'autres formes qui découlent de l'amour; à discuter. Pour un chrétien, la vie sexuelle n'est pas séparée de sa vie de foi. S'il aime, l'homosexuel peut croire, comme l'hétérosexuel, qu'il accomplit la volonté de Dieu. Sil aime, il est lié aux autres par le lien voulu par Dieu, celui de l'amour. L'amour est le principe de l'unité que Dieu veut pour les hommes;c'est aussi le principe de l'unité qui unit les personnes de la Trinité. L'unité humaine est une image de l'unité divine et en découle : Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde-les en ton nom que tu m'as donné, afin qu'ils soient un comme nous. Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé (Jean 17:11,20-21)

Pour la plupart des gens dans la plupart des circonstances, cet amour ne s'exprime pas sexuellement. Dans le cas d'un amour sexuel, les rapports sexuels deviennent l'expression naturelle de l'amour. On peut croire que dans ce cas-là l'union sexuelle d'un couple homosexuel peut devenir aussi, comme le prétend l'Église dans le cas d'un couple hétérosexuel, une représentation symbolique de cet amour qui est le principe de l'unité de Dieu. Celui qui aime vraiment un autre dit parfois que l'autre est le don de Dieu. Cela est vrai. Il est normal de rendre grâce pour un don. Pour un chrétien, rien n'est dû, tout est grâce, tout est don. La forme chrétienne du bonheur, c'est la reconnaissance.

C'est pourquoi St Paul dit: "Rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ." (Éphésiens 5 :20) ... "que la paix du christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Et soyez reconnaissants. Et quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père." (Colossiens 3:15,17)

Un chrétien qui aime vraiment un autre rend grâce à Dieu pour l'autre. Certains d'entre nous sont hétérosexuels, d'autres homosexuels :nous n'avons aucune prise dessus. Mais, si Dieu nous a donné un ou une autre que nous sommes capables d'aimer, nous pouvons tous, nous devrions tous en rendre grâce à Dieu. (...) J'ai suggéré que tous ceux qui aiment doivent rendre grâce à Dieu pour leur amour. (...) il est intéressant de noter qu'il y avait dans l'Église primitive un débat, pas sur la nécessité d'observer l'hétérosexualité, mais sur la nécessité d'observer certaines lois concernant le sabbat et la nourriture.

Paul répond ainsi à ce débat : "Accueillez celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas les opinions. Tel croit pouvoir manger de tout; tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes. Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l'a accueilli. Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d'autrui ? S'il se tient debout, ou s'il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir de l'affermir. Tel fait une distinction entre les jours;tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction. Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c'est pour le Seigneur qu'il mange, car il rend grâces à Dieu;celui qui ne mange pas, c'est pour le Seigneur qu'il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu." (Romain 14:1-6)

Dans une Église partagée, il faut selon St Paul, que chacun, tout en gardant son propre avis, respecte l'avis de l'autre. L'important est de garder l'unité fondamentale de l'Église, cette unité qui est fondée sur l'amour mutuel.

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